Une oraison funèbre

Pour une fois, nous allons verser une larme dans cette rubrique habituellement teintée de bonne humeur, à cause de la plate-forme «Pavillon of Reflections» de Manifesta qui a symbolisé cet été sur le lac de Zurich la créativité dans le domaine du bois. Tout le monde l’aimait, mais elle n’était pas destinée à durer.

Cette construction flottante arachnéenne, qui pouvait supporter le poids de 400 personnes, a attiré le public comme un aimant avec un bar, une tribune, une piscine, une terrasse et un immense écran plat. Elle a pourtant été réalisée avec du bois bostryché de qualité inférieure, ses éléments ont été vissés entre eux par des étudiants en architecture peu habitués aux travaux manuels et elle rappelait les tribunes d'une fête de yodel fabriquées à la hâte. C'est précisément son aspect non fini qui faisait tout son charme. L'amour du détail mal dégrossi était perceptible et l'idée a pesé de tout son poids. 150 tonnes, pour être précis. Le pavillon a aussi joué un second rôle non négligeable dans le cadre du Zurich Film Festival. Malgré cela, tous les projets concernant un autre emplacement possible près du rivage ont sombré dans l'océan des prescriptions et des objections. Cette curiosité flottante n'a pas connu l'heureux destin de la tour Eiffel. Elle doit probablement être aujourd'hui entièrement démontée et ses éléments brilleront peut-être encore un peu cet hiver sous forme de bois de chauffage incandescent. Quel dommage.

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